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[Ecosse] Instabilité constante [Rp Solo] - 02/12/2017

Naomi Lawford
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Naomi Lawford Civile |:| Actrice
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Mar 1 Fév 2022 - 1:54 Rp terminé

2 décembre
2017
Instabilité constante

Rp Solo

Je veux savoir qui c'est. C'était la question qui avait tout déclenché. C'était ce qui tournait en boucle dans mes pensées depuis Ottawa, depuis la fin de mon histoire récente, depuis que Grace, Arthur et Jack avaient fini de me rappeler la malédiction qui me poursuivait. La lassitude, l'ennui, l'incapacité à finir quoi que ce soit. Mon cerveau lutte contre la stabilité et je n'ai pas la volonté de l'en empêcher, dans ma fuite perpétuelle de l'ennui. La pire sensation de toutes, le vide qui me comprime les poumons et me donne l'impression que rien, autour de moi, n'a plus le moindre sens, que je suis coincée. Coincée dans ma vie, dans ma ville, dans mon pays, coincée dans mes relations, ma famille, mes amours, mes amis et mes ennemis. J'ai besoin de changement et, au final, je suis la seule qui ne change pas. Je brise ce qui m'entoure, je brise des rêves, des cœurs, je brise des relations comme je briserai un verre posé trop près du bord, je brise la routine pour l'empêcher d'exister. Je détruits des projets, des idéaux, des espoirs et probablement des vies. Les exemples s’amoncellent autour de moi : les amitiés qui se sont évaporées pendant toute mon enfance et mon adolescence, Grace, relation détruite sans avoir commencé, Jack et Arthur, même combat, à peine quelques semaines ou quelques mois, Milly qui a souffert pendant des mois dans mon ombre.

En remontant plus loin, ma mère, aussi, probablement. Que serait-elle devenue sans moi pour lui courir dans les pattes, l'angoisser en permanence, sans l'hyperactive qui retenait toute son attention ? Ma mère a besoin de stabilité et d'amour. Peut-être qu'elle aurait trouvé quelqu'un de bien, quelqu'un qui l'aurait aimé toute sa vie et lui aurait donné des enfants, une moi moins insupportable, une famille. Une vie normale loin de son quotidien de mère célibataire. J'aurais existé sans tout détruire oui, si j'avais été la fille d'un autre que mon père. Mon père... Je veux savoir qui c'est.

Ma mère n'a même pas cherché à détourner la conversation. Elle me connaît assez pour savoir que cette pensée ne m'avait pas effleuré en dix-huit ans et que, si elle vient maintenant, c'est qu'il y a forcément une raison. On s'est assise, ensemble, dans le salon, et elle m'a donné le peu de choses qu'elle savait : son nom, Chris Lindley, la photo du bal de promo où on le voit apparaître, souriant et finalement si similaire à ce que je suis dans sa posture, dans l'expression qui brille dans son regard. Elle brûle aussi fort que chez moi, cette peur de l'ennui et de l'habitude. C'est le garçon qu'a aimé ma mère, homme aujourd'hui, celui qu'elle a laissé partir sans rancune et sans haine comme les deux garçons qui m'ont aimée l'ont fait pour moi. Comme Milly l'aurait sûrement fait si elle avait lu ou cru lire ce désir en moi. Quoi d'autre ? Ils avaient le même âge sans être dans la même classe, elle l'avait rencontré dans la bibliothèque alors qu'elle lisait et que lui, comme je l'aurais sûrement fait, était incapable de se concentrer plus de cinq minutes sur le texte qu'on lui avait collé sous les yeux.

C'est parce que j'avais peur de blesser ma mère que j'ai fait le reste sans lui en parler. Que j'ai cherché tous les Chris Lindley que je pouvait sur internet, fini par trouver son compte Linkedin et découvrir qu'il vivait à Eyemouth, en Ecosse. Rien de plus, à part qu'il travaillait en indépendant dans le web-design. Rien de surprenant en soi, je m'imagine aussi très mal dans un travail avec des horaires, et s'il est comme moi...
Une petite ville reste une ville. Sans Mia et ses contacts dans la police, mes recherches se seraient probablement arrêtées là, mais elle m'a obtenu l'adresse et j'ai décidé sur un coup de tête d'y aller. Oui, j'aurais pu écrire une lettre ou trouver le numéro de téléphone, mais je prends toujours des décisions sur un coup de tête - c'est comme ça que je fonctionne, que j'ai toujours fonctionné et que je fonctionnerai sûrement toujours. C'est comme ça que je combats la routine et que je détruits ce que les autres essayent de construire autour de moi, que ce soient des chaînes ou des mots d'amour.

J'ai sauté dans ma voiture et j'ai roulé sans un regard en arrière jusqu'à arriver ici. Sans prévenir Melo, sans prévenir ma mère, sans prévenir personne même. Mia est probablement la seule à être au courant, sauf si elle en a glissé un mot à Max entre deux sorties en amoureux. De toute façon, je crois que Melo est rentrée chez elle pour voir sa sœur ou quelque chose du genre, elle ne remarquera même pas que je suis absente. Elle n'est pas censée savoir que je ne suis plus à Londres.

Le crissement des pneus sur les graviers me ramène à la réalité - il faut vraiment que j'arrête de conduire en me perdant dans mes pensées, ça va me tuer un jour. Je suis arrivée, devant cette petite maison en bord de mer où il est censé habiter. Il ne m'attend pas, peut-être même qu'il n'est pas là...
Non, il est forcément là, il travaille en indépendant et il est quinze heures à peine, pas une heure pour sortir manger ni pour sortir avec une fille. Il n'est sûrement pas sorti.
J'espère.
J'espère vraiment très fort.
Je prends une grande inspiration pour me donner du courage puis je coupe le moteur et descends de ma voiture, marchant à pas légèrement hésitant jusqu'à la porte d'entrée. Oui, courage. J'ai fait tout ce chemin, frapper à une porte ne peut pas être si difficile. Qu'est-ce que je vais lui dire, quand il ouvrira ? Peut-être qu'il me reconnaîtra, je ressemble beaucoup à ma mère. Ça serait plus simple, je me vois pas lui balancer "je suis ta fille" sans préambule. Et puis selon le sens qu'on donne au terme, je ne suis pas vraiment sa fille, il ne m'a pas reconnue et il ne m'a jamais élevée. Je ne lui en veux pas pour ça, pas plus que je ne pourrais lui en vouloir s'il ne me considère pas comme son enfant.
Arrête de penser et frappe.
:copyright: Naomi
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Naomi Lawford
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Mar 1 Fév 2022 - 1:54 Rp terminé

2 décembre
2017
Instabilité constante

Rp Solo

La porte s'ouvre avant que j'ai le temps de regretter. Avant que j'ai le temps de me dire "non, tu fais une connerie, fais demi-tour au pire il croira que quelqu'un lui a fait une blague, il lèvera les yeux au ciel et il retournera à son boulot". Trop tard, et tant mieux. J'ai tendance à me dégonfler trop vite et à m'en vouloir après. Mais déjà le battant pivote et le mystère se défait. Il est là, de l'autre côté, l'homme qui a partagé ses gènes sans partager ma vie, le seul qui ait eu une place important dans la vie de ma mère avant qu'elle ne soit obnubilée par moi et mon bien-être. Un géniteur qui aurait pu être un père s'il était arrivé trois, quatre ou cinq années plus tard. Est-ce une mauvaise chose ? Non. Il aurait été un père, mais un père comme moi, du genre qui se sent coincé trop vite et qui disparaît. Il aurait été un père que j'aurais perdu de vue, que j'aurais peut-être détesté pour ça. N'est-ce pas mieux qu'il n'ait jamais existé dans ma vie, pour que je n'ai pas la peine de le voir partir ? N'aurait-ce pas été mieux si j'avais eu la même rôle dans la vie de toutes les personnes à qui j'ai causé cette souffrance ?

Il n'a pas changé, par rapport aux photos. Quelques rides en plus, mais c'est tout. Il a le même air volontaire, les mêmes cheveux blonds qui courent jusqu'à sa nuque, le même menton fin et rasé de près, le même air juvénile, le même nez que moi, aussi, mais les yeux noisette qu'il ne m'a pas légués. J'ai l'impression de m'être transportée directement dans la photo que m'a montrée ma mère. Sans le décor brillant d'un bal de promo, loin d'Indarë, mais sinon...

- Tamara ?

La surprise dans sa voix est différente de ce à quoi j'aurais pu m'attendre. Je suis trop habituée à ma propre façon d'être, je m'attendais à une note de regret mais il semble en paix avec tout ça - je l'envie. J'aimerais être en paix avec mon instabilité, j'aurais aimé pouvoir regarder les gens en face en assumant d'être partie sans ressentir la sensation écrasante d'abandonner tous ceux qui tenaient à moi. Peut-être que quand j'aurais son âge, je pourrais aussi voir revenir des anciens amis ou d'anciens amour en n'exprimant que cette honnête incrédulité, une stupéfaction presque rafraîchissante. S'il peut se supporter sans regrets ni honte, pourrais-je faire de même ?

- Non... tu es trop jeune...

Je relève le menton pour plonger mon regard vert dans le sien. Sait-il seulement mon nom ? Quelque chose s'illumine dans ses yeux, un éclat de compréhension qui remplace bien vite la surprise qui y brillait quelques instants plus tôt. Il détaille mon visage un instant avant de reprendre d'une voix plus basse :

- Tu es sa fille, n'est-ce pas ?

"Sa" fille, pas "ma" fille. Je hoche la tête, encore trop incertaine de mes émotions pour parler. Je ne sais pas quoi lui dire, comment y réagir. Va-t-il me dire de partir ? Me rappeler que ma mère a accepté qu'il s'en aille sans rien lui réclamer en retour, sans lui en vouloir, que je n'ai aucun droit d'être là ? C'est vrai, après tout... Je n'ai sûrement rien à faire ici. J'aurais dû demander à ma mère avant, j'aurais dû...

- Tu as le même nez que moi, dit-il dans un souffle, avec un léger sourire.

Je n'arrive pas à le décrypter. Nostalgie ? Peut-être, ou peut-être qu'il est simplement content de voir à quoi je ressemble ou de constater que je tiens au moins un peu de lui - s'il savait à quel point... En tout cas, ce n'est pas le sourire triste et empli de regrets qui s'invite de plus en plus souvent sur mon propre visage. Je veux savoir son secret... et si le seul remède est le temps eh bien... j'attendrais. Même si je déteste attendre, même si je déteste ce sentiment, même si j'aimerais que tout se résolve instantanément.

- Tu veux entrer ? J'imagine que tu n'es pas venue ici pour rester devant la porte.

Il s'efface pour me laisser passer et j'entre timidement, jetant des regards autour de moi. Des tableaux sont accrochés au mur, mais je peux voir d'ici des clous et des ombres qui montrent que certains ont été déplacés ou retirés. Des traces au sol là où des meubles devaient se trouver avant. Oui, je suis bien chez l'homme qui m'a légué ce caractère parfois insupportable, cette instabilité exaspérante. Soudain, il me semble bien moins étranger. Il doit le ressentir comme moi, ce besoin pressant de changement, de mouvement, cette envie irrépressible de ne pas rester en place.

- Désolée de débarquer à l'improviste je... j'aurais dû prévenir.
- Il n'y a pas de mal. Tu n'avais aucun moyen de prévenir, et j'aurais sûrement fait pareil à ta place.

J'arrive enfin à sourire un peu. Oui, il aurait sûrement fait pareil à ma place : pris une décision sans réfléchir. C'est tellement agréable, quand on a l'esprit envahie de pensées parasites, de pouvoir les mettre de côté un moment pour laisser parler son instinct, pour bouger, agir et faire taire le murmure incessant. Je le suis dans la pièce voisine, de moins en moins intimidée maintenant que j'ai réussi à ouvrir la bouche. Je vois des photos sur les murs, probablement ses parents, que je détaille avec un certain intérêt. Mes grands-parents paternels. Je me demande comment ils sont - les parents de ma mère sont plutôt du genre emmerdants, au points qu'ils n'ont quasiment plus de contact maintenant. Du coin de l’œil, dans une pièce entrouverte, j'aperçois des couleurs familières. La photo du bal ? Sûrement. Ce n'est pas comme s'il était encore en couple avec ma mère à l'époque, c'est une photo de promo générale, il n'a aucune raison de ne pas l'avoir gardée.
Finalement, il débarrasse une table basse à la va-vite en m'invitant à m'asseoir dans le canapé.

- Tu veux quelque chose à boire ? J'ai des bières au frigo je crois.
- Euh... plutôt une limonade ou un jus de fruits, je bois pas d'alcool.
- Tu ne tiens pas tout de Tamara, alors, commente-t-il avec un léger sourire. Je vais te chercher quelque chose, j'arrive.

J'acquiesce en le regardant disparaître dans une pièce voisine, vraisemblablement la cuisine. Je soupire légèrement. J'espère que je n'ai pas pris une décision stupide en venant ici...
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Naomi Lawford
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Mar 1 Fév 2022 - 1:55 Rp terminé

2 décembre
2017
Instabilité constante

Rp Solo

Maintenant que j'y pense, l'homme qui se trouve dans la pièce voisine a des souvenirs avec ma mère que je ne connaîtrais probablement jamais. Martel m'a raconté les siens, du moins ceux dont elle se souvient. Le début de leur amitié, les soirées passées dans leur chambres à jouer aux cartes ou à d'autre jeux de société, parfois des jeux un peu plus stupides comme toutes les ados. Des défis, des paris ; connaissant ma marraine, elles se sont aussi probablement amusées à comparer les garçons de leur entourage. Mais elle ne m'a jamais dit ce qu'elle avait pensé de mon père, et maman ne m'a pas raconté grand chose sur leur histoire. Ils s'aimaient, elle a voulu le vivre pleinement et a fait une erreur, un soir. Du genre qu'on pourrait regretter toute sa vie, et qu'elle a toujours affirmé ne pas regretter. Évidemment, même si c'était le cas elle ne m'en dirait rien - elle n'est pas assez cruelle pour dire à sa propre fille qu'elle regrette de l'avoir mise au monde. Mais je sais que sur le moment, elle a dû s'en vouloir énormément. Lui en vouloir à lui aussi, peut-être, même si maintenant elle prétend qu'elle n'entretient aucune rancœur.
Soupir. Je me demande ce que ma mère a pu vivre avec lui. Est-ce que c'était intense mais bref, comme ce que je vis la plupart du temps ? Des relations qui se renforcent et se brisent en un battement de cil ? Ou est-ce qu'ils étaient le genre de couple qu'on voit de loin en étant persuadés que ça durera éternellement ? Peut-être que c'est l'instabilité de mon père qui les a séparés, ou peut-être que c'est moi, tout simplement.
Non, s'il est comme quoi, ça n'aurait pas duré de toute manière. Je suis incapable de tenir un couple plus de quelques mois.

Il revient finalement avec deux verres, avant de s'installer à côté de moi. J'essaye de formuler la raison qui m'a poussée à venir. C'était mon instinct, c'était la boucle sur laquelle mon cerveau tournait sans interruption, c'était un besoin pressant de réponse, de vérité. J'ai déjà eu une partie de mes réponses dans son regard dénué de regrets, comme s'il avait enfin réussi à se séparer du poids des réflexions, du cerveau qui carbure en permanence entre la culpabilité, la colère et l'ennui.

- Je te rassure, je ne suis pas venue pour que tu m'adoptes ou te forcer à me faire une place dans ta vie.

Pourquoi est-ce que ça le rassurerait ? C'est un choix qu'il a fait quand il avait dix-sept ans, peut-être qu'il aurait voulu me voir, peut-être qu'il a envie d'être mon père et de savoir ce que ça fait. Mais non, je l'ai vu tout à l'heure. Il a dit "sa fille", il ne m'a pas regardé avec la douleur qui brille dans mes yeux quand on me rappelle tout ce que j'ai raté avec une erreur. Il n'a pas changé d'avis. Est-ce que ça me dérange ? Pas vraiment. J'ai eu dix-huit ans pour me faire à l'idée.

- Tu as fait un choix et je le respecte, ajouté-je malgré tout.

Pour le coup, c'est moi qui suis rassurée quand il hoche la tête en se saisissant de son verre. J'ai dit ce qu'il fallait, pensé ce qu'il fallait. J'imagine qu'il a dû avoir peur que je réclame sa paternité, que je veuille entrer dans sa vie sans lui laisser le choix. je me demande ce que je ferais, moi, si on me forçait un jour à prendre un enfant à ma charge ; je comprends son soulagement.

- Pourquoi tu es là, dans ce cas ? (Il attrape son verre et bois une gorgée avant de sembler réaliser quelque chose). Hm... Tamara ne m'a jamais dit comment elle t'avait appelée.
- Naomi. Je m'appelle Naomi.

Ils avaient vraiment coupé les ponts bien avant ma naissance, mais j'aurais pensé qu'elle aurait pris le temps de lui dire. J'imagine qu'elle a décidé qu'en refusant d'assumer l'enfant qu'elle portait, il refusait aussi tout ce qui avait à voir avec moi. Toute information comprise, même mon prénom. Savait-il seulement que j'étais une fille avant que je vienne ici ? Probablement pas.

- Je suis venue parce que... j'en sais trop rien. Tu ne m'as pas légué que ce nez, dis-je en riant légèrement pour prendre le temps de retrouver mes mots. J'ai aussi hérité de ton hyperactivité, tu sais.
- Mon TDA.

Je hoche la tête et il soupire, comme si des sentiments désagréables remontaient à la surface. Je n'ai jamais vécu ça comme une maladie, trop concentrée pour en faire une force et ne pas être un poids pour ma mère, mais j'imagine que lui n'a pas forcément vu ça de la même manière. Ou alors il est passé par ce que je vis en ce moment, et le souvenir en lui-même est assez fort pour qu'il comprenne ce que je ressens.

- En ce moment, j'ai l'impression que je suis... je sais pas, vide ? Incapable de faire quoi que ce soit, d'avancer. J'ai l'impression d'être...
- Coincée dans une vie où tout change sauf toi.

Ce n'est même pas une question. Il y a le poids de l'expérience dans sa voix. Il soupire à nouveau, prend mon verre sur la table pour me le tendre comme s'il cherchait à exprimer ses pensées - le très probable tourbillon infernal de ses pensées, en fait. Maintenant que j'y pense, son cerveau fonctionne comme le mien, il doit avoir une tempête là-dessous qui essaye de trouver une réponse à ma question, un moyen de m'aider là où personne n'a dû pouvoir, pour lui.

- Je sais ce que c'est. Quand on a besoin de mouvement, de changement, quand on arrive pas à se satisfaire de résultat et qu'on abandonne avant parce que la course n'intéresse plus... et qu'au final on reste en place. Ça ne partira jamais.

J'ai dû avoir l'air soudainement désespéré parce qu'il met une main devant lui dans un geste d'apaisement.

- Mais ça n'est pas une fatalité. Le sentiment d'être coincé ne vient que quand on arrive pas à finir quoi que ce soit. Il faut juste... ne pas laisser tomber ce que tu as entamé, même quand ça t'ennuie.

Il pose son verre et m'observe un instant. Je ne sais pas quoi répondre à ça. Je ne supporte pas l'ennui, mais je supporte encore moins cette sensation d'être bloquée. Lutter pour finir ce qui a été commencé, quitte à le faire à contrecœur ? Pourquoi, pour avoir la sensation d'avancer ? Ça se tient, mais la difficulté est palpable dans sa voix. On est du genre à abandonner quand l'ennui se présente parce que c'est la pire sensation qui existe. Parce que l'intérêt est temporaire, vivant, du genre qui pulse dans notre tête pendant quelques jours pour disparaître soudainement. L'enthousiasme, la passion, rien de durable. Quand on ne ressent plus ça, c'est qu'on ne le ressentira plus jamais : réflexion stupide, automatisme cérébral. Peut-être que quand on se force, ça finit par revenir. Peut-être...

- Par exemple, dis-moi, c'est quoi ta passion ? On en a tous une, un domaine qui a réussi à attirer notre attention pendant plus d'une semaine ou d'un mois.
- Je suis actrice.
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Naomi Lawford
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Mar 1 Fév 2022 - 1:55 Rp terminé

2 décembre
2017
Instabilité constante

Rp Solo

Il a froncé les sourcils à mes derniers mots, comme s'ils lui rappelaient soudain quelque chose de familier. Il a dû me voir apparaître et l'oublier ; je ne lui en veux pas vraiment, Crescent High n'était pas la série la plus diffusée du monde en Angleterre, et il ne fait pas non plus partie du public visé.

- Toi c'est le webdesign, dis-je en me rappelant de son métier.
- Plus ou moins. C'est agencer des choses et voir qu'elles tiennent en place. Disons que ma passion c'était la construction et l'assemblement, les collages aussi. Comme j'avais un petit talent pour les programmes et la logique, ça s'est imposé tout seul.

La logique, tu m'étonnes. C'est fou comme cet homme que je connais depuis moins d'une heure me semble familier, facile à comprendre. Même si je ne sais rien sûr lui, je sais qu'on a le même fonctionnement cérébral, qu'on est passé par les mêmes doutes. "Ça ne partira jamais". C'est glaçant, comme révélation, même si je m'y attendais. On ne change pas son cerveau, mais on peut faire avec. J'ai toujours réussi à le contrer, j'ai réussi à me forcer à continuer des activités qui m'ennuyaient pour faire plaisir à ma mère. Ça ne les a pas rendues plus intéressantes pour autant et j'étais contente de les arrêter.

- Et donc, Naomi. Est-ce que tu arrêterais le cinéma pour de bon si tu ne trouvais pas de rôle à jouer ?
- J'en trouverai un.

Il me sourit avec un mouvement de tête que j'interprète comme un "tu vois ?". Je pense que je comprends où il veut en venir. Les tournages de la série étaient trop espacés dans le temps pour que l'ennui s'installe, mais j'aurais pu me lasser de jouer toujours le même personnage. De mémoire, je m'en suis même lassée une ou deux fois, j'ai songé à arrêter la série mais il y a toujours quelque chose qui m'a retenue : Laura, principalement, mais aussi les autres dont j'étais proche et qui m'ont fait rester. Mais il m'a fallu un moment pour la regarder, cette série. Je ne suis jamais allée assister à la projection des épisodes avec les autres ; je n'avais pas envie de voir ce que ça donnait, je jouais et ça me suffisait. Mais même frappée par l'ennui ou le désintérêt, je suis restée une actrice. Je le suis toujours même si je n'ai pas tourné dans un film ou une série depuis un bout de temps, et je suis presque sûre que je le resterai même si je suis au chômage pendant des années, ou si un jour je m'ennuie de rôle en rôle. Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle. A force de vouloir tout changer, tout le temps, je n'avais même pas remarqué qu'il y avait toujours une...

- Une constante.

Nouveau hochement de tête.

- Tu ne seras jamais stable, probablement jamais entièrement satisfaite. Tu voudras toujours bouger, changer des choses autour de toi, que ce soit les gens, les meubles ou le pays. Mais tu auras toujours ça.

Il prend une nouvelle gorgée de son verre, et je réfléchis. Comme d'habitude, mais différemment, peut-être de façon un peu plus ordonnée et en laissant la négativité de côté. Il essaye de me donner des clefs, de celles qui ont fonctionné sur lui et qui devraient fonctionner sur moi. Mais il reste quelque chose... Quelque chose que même la plus pure des logiques n'arrive pas à chasser, contre laquelle même les bouts d'espoir qu'il me tend ne peuvent rien.

- Et comment on se débarrasse des regrets ?

Il ne s'attendait pas à cette question. Ça se voit dans l'éclat fugace qui traverse son regard, dans sa main qui se resserre subitement sur son verre comme s'il avait failli lui échapper des mains. Finalement, il soupire et se tourne pour me faire face de façon plus directe, comme s'il cherchait à me regarder dans les yeux. Je n'aime pas croiser le regard des gens, surtout un regard comme le sien qui ressemble par trop au mien, mais je peux... faire une exception pour cette fois.

- Qu'est-ce que tu regrettes ?
- J'ai abandonné des gens. Beaucoup.

Ne vous attachez pas à moi, je vous ferai du mal. Je finirai pas vous laisser tomber un jour, ou vous briser complètement. Pourquoi me rapprocher des gens alors que je finirai par les blesser, les faire partir, les laisser derrière moi ou, pire, me lasser d'eux ? A quoi bon ? Je n'ai jamais réussi à faire tenir une relation, et ça ne changera jamais...

- Moi aussi. Figure-toi qu'il y en a même une sous mes yeux en ce moment même.

Je relève la tête, surprise. Abandonnée ? Est-ce ce qu'il pense ? Pourtant je n'avais lu ni remords ni peine dans son regard, et je ne les y vois toujours pas. Pourquoi en parler, surtout en ces termes, s'il ne ressent aucun regrets ?

- C'étaient des amis ?
- Certains oui... Des amours aussi...

Le petit sourire qui étire le coin de ses lèvres veut tout dire : il comprend. Il comprend même sans problème. Combien de cœurs brisés ou d'amitiés en miettes a-t-on laissés derrière nous ?

- Qu'est-ce que tu regrettes ? De ne plus pouvoir être avoir eux, ou de ne pas avoir réussi à t'y attacher assez longtemps ? De les avoir blessés ?
- Je... je ne sais pas.
- Si tu veux les retrouver, tu les retrouveras. Tu peux t'excuser, reconstruire et reprendre où ça s'était arrêté.

Reprendre ? Redevenir amie avec les gens de mes classes de primaire, de collège, de lycée ? Ils m'ennuyaient trop. Ressortir avec Arthur ? Je ne suis même pas sûre d'avoir ressenti plus que de l'amitié pour lui - je suis même plutôt certaine du contraire. Avec Jack ? Tout ce que j'arrivais à faire, c'était le mettre dans des situations ambiguës, tordre notre relation dans tous les sens comme si j'essayais de voir si elle y résisterai, entre mes manies de séductrices et mes écarts de conduite. Spoiler : elle n'a pas résisté. Est-ce que ça me manque ? Je n'en sais rien, à vrai dire. Je ne crois pas, mais j'ai toujours été du genre à mettre mes émotions au placard une fois qu'elle n'ont plus de raison d'être. Je sais que je l'aimais, certaines des décisions que j'ai prises ne mentent pas, mais est-ce que j'aurais toujours cette certitude dans un an, ou est-ce qu'il deviendra juste une part de mon passé comme une autre ?

- Tu ne peux réparer que ce qui est réparable. Présente tes excuses si tu veux, personne n'est obligé de les accepter, mais parfois la sensation d'avoir calmé la haine et pansé quelques plaies fait beaucoup.
- Et le reste ?
- Si tu ne peux rien changer, ne te prends pas la tête avec. Si tu es comme moi, c'est comme ça que tu fonctionnes en temps normal, non ?
- ... Peut-être...
- Je ne peux pas te débarrasser de la sensation d'être coincée dans ta vie. Mais tu peux laisser certains regrets de côté.

Certains regrets... Ceux qui datent de trop longtemps, ceux qui n'ont laissé aucune rancœur, ceux qui n'ont pas blessé tant de monde que ça... Grace m'en veut, mais elle n'a jamais voulu de mes excuses. Je dois l'oublier ? Arthur affirme ne pas m'en vouloir et je le crois, dois-je oublier que je lui ai fait de la peine ? Max m'a fait la gueule plusieurs fois et même si on s'est toujours rabibochés, je ne peux pas m'empêcher de retenir chaque embrouille, chaque dispute, et de m'imaginer tout ce qui aurait pu l'éviter, ou la résoudre plus vite, ou parfois même je me contente d'y forger de la rancœur. Je dois les oublier, aussi ? Je dois oublier la détresse de Milly le soir où elle m'a avoué ses sentiments, oublier que j'ai trompé Jack après lui avoir reproché la même chose - même pire, vu qu'on était pas encore ensemble quand il a couché avec Caitlyn dans les mêmes circonstances - oublier que j'ai arrêté de donner des nouvelles du jour au lendemain à certains de mes amis, oublier que j'ai volontairement brisé un couple autrefois pour pouvoir garder une amie que j'ai laissée tomber quelques mois plus tard, oublier à quel point ma propre personnalité m'exaspère la moitié du temps ?
Non, peut-être pas tout. Mais il a raison, je peux en laisser certains de côté. Comme si mes amis d'avant s'inquiétaient encore de ce que je leur ai dit, ou de m'avoir perdu de vue. Comme si ça avait encore de la valeur de s'excuser maintenant...
Tu peux penser ça autant que tu veux, ça ne rendra pas les remords plus faciles à tuer.
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Naomi Lawford
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Mar 1 Fév 2022 - 1:56 Rp terminé

2 décembre
2017
Instabilité constante

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La conversation aurait pu durer longtemps - j'étais partie pour la laisser continuer pendant des heures, en vérité. Même si tout n'était pas faisable, ou en tout cas pas évident pour l'instant, même s'il avait eu 16 ans de plus que moi pour réfléchir à tout ça, pour chasser des vieux souvenir et des vieux regrets qui m'emplissaient encore la tête, je l'ai écouté et j'ai compris pas mal de choses. Des pistes, dont je ne suivrais peut-être pas la moitié mais qui sont là, si un jour j'en ai besoin, si un jour j'ai la force de les suivre, et de les suivre jusqu'au bout.

Si je me sens coincée dans ma vie, c'est parce que quelque chose me pèse. Quelque chose qui me bloque, qui m'enchaîne. C'est parce que je n'arrive pas à accomplir quoi que ce soit. C'est l'échec de ma dernière relation additionné au retour de certains souvenirs, à l'ennui de ne rien faire de mon temps, à la solitude qui m'envahit dans la journée quand je n'ai pas la moindre envie de me lever parce qu'après tout je n'ai rien à faire, personne à voir, aucune raison de sortir de ce lit pour aller me traîner dans la pièce d'à côté, ou sur un pc pour traîner sans but sur internet, essayer de lire sans trouver de rêve entre les pages, lancer un jeu pour n'y accrocher qu'une minute, regarder un film que je trouverai soporifique ou ennuyeux même si je choisissais mon préféré dans la liste, ou juste rester assise et attendre que le temps passe, que quelque chose bouge, qu'on m'apporte un nouvel événement. Jusqu'au jour où je craque pour partir au bout du monde ou au moins au bout du pays, le moment où je ne tiens plus, où ma vie m'oppresse trop pour que j'y reste.
Aujourd'hui, donc. En Ecosse, au bord de la mer, avec un père que j'étais décidée à ne jamais rencontrer.

Ma vie est vide. Ennuyeuse. Inutile. Elle n'a aucun intérêt pour le monde qui m'entoure et le monde n'a aucun intérêt pour elle. Les décors se succèdent et les jours se suivent, sans changement et sans saveur, comme une bouille d'heures, de minutes et de secondes dans laquelle mon cerveau se noie. Sans espoir de remonter à la surface. Si, un espoir, le fait que mon père, ou au moins mon géniteur, l'homme qui m'a transmis ce trouble, celui-là même à l'origine de cette sensation étouffante, ait réussi, lui, à trouver assez d'intérêt pour avancer, arrêter de ressasser les souvenirs et s'offrir une vie. Une vie ou aucun réveil, aucune alarme ne le tire du lit pour l'emmener ailleurs, là où les horaires ne lui laisseront pas le choix ; non, c'est une vie où la simple perspective d'une nouvelle journée lui permet de se lever. Une journée à faire ce qu'il aime, même les jours où ça l'ennuie, même les jours où il est découragé, où il a envie de tout plaquer pour faire autre chose.
S'il peut vivre ça, penser ça, affirmer ça, pourquoi pas moi ? Oui, moi aussi, je peux me lever avec une journée intéressante en perspective. Même si c'est une journée à regarder des films, à traîner sur internet et à ne rien faire de constructif. Si c'est ce que j'avais prévu, si c'est ce dont j'avais envie, si ça ne fait pas revenir l'horreur vide de l'ennui, alors ça sera une bonne journée. Alors je n'aurais pas besoin de l'étendre à la nuit pour finalement avoir la même sensation que c'était du temps perdu. Comme une relation qui s'achève est du temps perdu, comme un projet qui n'aboutit pas est du temps perdu.
Du temps, j'en ai plein, je peux en perdre un peu.

Oui, la conversation aurait pu durer des heures. C'est comme avoir une conversation avec moi-même mais sans être engoncée dans mon cerveau qui ne va pas assez vite. Ce père qui n'en est pas un, Chris Lindley, c'est la personnification de la voix dans ma tête qui se fait écraser par toutes les autres : la voix de l'espoir et de la volonté. Écrasée par l'ennui, implacable et destructeur, qui me susurre de rester allongée et de ne rien faire, ne pas bouger un muscle. Écrasée par le remord, fourbe et prédateur, qui attend mes moments d'ennuis ou de solitude pour s'agripper à moi et me vider de mes forces. Écrasée par l'instabilité, par le besoin pressant de faire des nouvelles choses, tout le temps, sans jamais rien finir. Écrasée simplement par l'autre voix, la mienne, neutre, qui relaie toutes les informations inutiles autour de moi pour en faire des réflexions pâteuses sans queue ni tête et m'enfonce dans un cercle vicieux d'apathie. Cette voix que je ne peux arrêter d'entendre qu'en parlant à voix haute, toute seule, pour essayer de faire ressortir la première, la volonté, qui lutte incessamment pour se faire entendre.
Cette voix, aujourd'hui, elle a pris les traits d'un homme. Mais elle en a pris d'autres, aussi, quand la porte de cette maison qui nous abritait tout les deux s'est ouverte.

Le grincement de la porte. Chris se crispe sur le canapé, figé comme s'il avait été pris en flagrant délit. J'entends une voix féminine et il me fait signe de me lever et de me suivre, un air incertain sur le visage. Et puis je la vois.
Je ne saurais pas décrire ça. Le silence soudain qui s'est levé quand elle a tourné la tête vers moi. J'ai juste regardé ses cheveux noirs, son visage angélique, son expression surprise et l'air interrogateur de son regard, puis mes yeux sont descendus. Sur la petite main serrée dans la sienne. Là j'ai compris l'angoisse de mon père : comment allais-je réagir en voyant cette famille qu'il avait construite alors qu'il avait refusé celle de ma mère, la mienne ? Je l'entends expliquer quelque chose à la jeune femme qui vient d'entrer - sa copine, ou sa fiancée, ou sa femme, peu importe. J'entends mon nom, j'entends celui de ma mère, j'entends les mots que j'ai prononcé un peu plus tôt : "je ne veux pas t'imposer de devenir mon père". Mais je n'ai pas lâché la petite main des yeux, la petite blondinette aux yeux bruns à qui elle appartient.

Je crois que j'ai senti une larme rouler sur ma joue. Un sourire se peindre sur mes lèvres. C'est sa fille. Quelle âge a-t-elle ? Trois ? Quatre ans ? C'est ça que j'étais venue chercher, c'est ça l'espoir qui me manquait. Il est restée avec elle assez longtemps pour vouloir un enfant. Puis quatre ans de plus pour la voir grandir.

- Vous êtes ensemble depuis...
- Huit ans. On se connait depuis dix.

J'entends dans sa voix qu'il appréhende toujours ma réaction. Mon cœur ne sait plus à quel rythme battre, mon visage à quelle émotion se vouer. Je me baisse, accroupie face à la fillette qui se cache derrière la jambe de sa mère. Elle est une réponse si pure et si claire à ma question. Celle qui m'a menée ici, celle qui m'a plongée dans l'ennui et l'apathie pendant des jours, celle qui a rythmé ma vie pendant des années : est-ce qu'on peut seulement construire quelque chose de stable ?
Oui, on peut. S'il peut, je peux aussi. Cette femme, cette enfant, sont les miracles dont j'avais besoin pour reprendre un peu d'espoir.

- Merci...

Ma voix n'est qu'un souffle alors que je me relève. Je me tourne vers ce père qui a réussi là où je pensais échouer à jamais, qui m'a prouvé que c'était possible, faisable, même juste imaginable, que toute nos relations ne sont pas vouées à un échec inéluctable.

- Merci, répété-je à l'attention de sa femme. Vous êtes la réponse à ma question. Que vous soyez là, toutes les deux, avec lui... pendant si longtemps...

Le visage de Chris s'est rasséréné. Il a compris, forcément. Je sais que je suis en train de sourire, le genre de sourire incontrôlable qu'on ne sent même pas tellement il est naturel. Je ne reviendrai probablement jamais ici, je ne veux pas troubler l'équilibre qui m'a fait l'effet d'un miracle. Il m'adresse un signe de tête et je lui réponds de la même façon. Que dire de plus ? Aucun mot ne peut exprimer ce que ça fait d'être débarrassée de ce poids, de ce désespoir constant, de cette certitude que rien ne durera jamais. Je serre la main de sa femme en essayant d'avoir l'air rassurante, en faisant en sorte qu'elle voie dans mon regard que je ne compte pas perturber son existence. Je passe une main dans les cheveux de l'enfant qui aurait pu être ma sœur, dans une autre vie, mais ne le sera jamais. Puis je franchis cette porte pour la deuxième et dernière fois. Avance jusqu'à ma voiture, pose ma tête sur le volant un moment pour réfléchir.

Si je me sens coincée dans ma vie, c'est parce que quelque chose me manque.
Je démarre.
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Naomi Lawford
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Mar 1 Fév 2022 - 1:57 Rp terminé

2 décembre
2017
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C'est la première fois de ma vie que j'ai autant de mal à respecter les limites de vitesse. La première fois que je ne prête pas la moindre attention aux paysages qui défilent ; la mer s'éloigne avec la maison de mon père pour laisser place à une succession d'arbres, de villages, de collines et de paysages qui auraient pu en faire rêver plus d'un. Mais j'ai trop de choses dans ma tête qui m'en détournent. Des pensées, de la plus simple à la plus compliquée, des réflexions qui se mettent en place, des engrenages qui s'assemblent et qui se désassemblent. Je me force à ralentir en entrant dans une petite ville alors que mon pied me démange. Je n'ai jamais été patiente, mais là j'ai les dents serrées. Mon cerveau est trop en ébullition pour qu'une vitesse aussi lente me convienne. L'adrénaline s'entend mal avec la régulation.

Difficile d'exprimer tout ce qui s'agite sous mon crâne. Si les relations ne sont pas toutes vouées à l'échec, qu'est-ce qui changerait cette tendance ? Qu'est-ce qui a fait la différence entre ma mère et cette jeune femme aux cheveux noirs. Une réponse évidente : l'âge de mon père. Mais non, ça ne peut pas être ça, ça ne peut pas être seulement ça. En huit ou dix ans, il serait passé d'instable à capable de stabilité ? Je ne pense pas. Au fond je sais ce qui cloche, je sais ce qui fait la différence.

"Tu me plais" ne veut pas dire "je t'aime". Mes relations sont vives et éphémères, comme les étoiles filantes que je regardais les soirs d'été dans les bras d'Arthur qui m'ont donné envie de l'embrasser, comme chacune de mes rencontres avec Erik qui m'ont aussi donné envie de l'embrasser, bien plus et bien plus longtemps. Jack a partagé avec moi des émotions violentes, la peur et la solidarité à notre rencontre, la jalousie dévorante ensuite, l'angoisse à l'idée de ce qu'il pourrait dire ou penser, l'envie de me raccrocher à un sentiment plus présent que les autres, des émotions fortes qui se sont mêlées à l'attirance originelle pour la muer en un désir assez fort pour briser mes barrières. Mais ce n'étaient que des coups de foudre, de l'attirance ou du désir. C'est ça la différence.
Arthur me plaisait et j'ai laissé s'exprimer des passions adolescentes en goûtant à ses lèvres, Erik m'attire autant que je peux l'admettre, sûrement même plus, et je n'y résiste que quand j'ai une raison de le faire. J'ai aimé Jack d'un amour plus fort que ces attirances mais qui restait ce qu'il était : une passion, poussée par un mélange de sentiments qui pouvaient effectivement donner un vrai cocktail amoureux. Mais le genre de cocktail qu'on boit vite, avant de regarder le verre en se disant qu'on aurait peut-être dû le vider plus lentement - mais c'est déjà trop tard et tout est terminé. Je ne regrette rien de ce qu'on a vécu, pas plus que je ne regrette mes premiers baisers sous le ciel d'Ottawa ou les jeux de séduction entre deux examens. Mais "tu me plais" ne veut pas dire "je t'aime".

Je ne sais pas où je suis. Au milieu de nulle part, sans doute. Mais je sais où je vais. Pour la première fois depuis que j'ai découvert mes talents d'actrice et ma passion pour le cinéma, je sais où je vais. Le cinéma a été ma constante, la première, la chose qui ne changera jamais malgré la lassitude, malgré les hauts et les bas de ma carrière, je m'y suis accrochée parce que je ne voulais pas laisser partir la seule activité qui avait su me sortir de l'ennui, la seule qui ne me lassait que temporairement, la seule que je pouvais supporter quasiment en permanence.
Et si je n'avance plus, c'est qu'il me manque une autre constante.

Oh toi l'instable sans émotions, que sais-tu de l'amour ? Rien, je n'en savais rien, j'ai dit "je t'aime" pour des émotions si faibles que l'amour se riait de moi dans l'ombre, j'ai dit "je t'aime" pour des désirs et des attirances éphémères et fragiles qui n'aurait jamais survécu à l'épreuve du temps, j'ai dit "je t'aime" en le pensant mais sans le vivre pleinement, des mots si loin de la vérité que j'aurais aussi bien pu mentir. "L'amitié est plus forte que l'amour", disais-je. Non, l'amitié était plus forte que les coups de foudre, à n'en pas douter. Plus forte que des sentiments que je savais brefs, jamais voués à durer. Ou devrais-je dire que je croyais brefs et jamais voués à durer. Ça aussi, j'y ai cru. Je l'ai affirmé, ressenti dans toutes le fibres de mon être parce que ces sentiments que j'avais pour Max, pour Mia, pour Laura et pour Milly étaient plus solides et plus fiables que ceux que j'avais pour les autres, pour ceux qui faisaient battre mon cœur un peu différemment et qui me tiraient des frissons en effleurant ma peau. Max, Mia, Laura, Milly... il manque un symbole à l'équation, une gradation. Certaines amitiés sont plus fortes que d'autres. Vraiment ?
Est-ce que tu y crois encore ? Est-ce que tu y crois réellement ?

Je crois que je reconnais les lieux. Je tourne à droite subitement, dans la rue que j'ai failli louper. Je ne suis plus très loin. J'ai dû rouler des heures sans m'arrêter, je n'en sais rien, j'ai très peu de notion du temps quand mes pensées prennent le dessus. Je vois l'entrée de la ville et mon cœur se serre. Je sais ce que je fais, je sais que je prends la bonne décision, je sais que c'est autre chose qu'un coup de tête, autre chose qu'une passion. C'est la certitude, plutôt l'espoir, que je peux être proche de quelqu'un sans tout détruire. Que si je l'aime assez fort, je n'aurais jamais besoin de briser quoi que ce soit, jamais peur de revoir ces larmes qui m'avaient arraché le cœur.
Les pneus crissent sur l'allée et je m'adosse à mon siège pour prendre une grande inspiration. Couper le contact, sortir de la voiture, approcher de la porte. Respirer. Doucement. C'est la deuxième fois de la journée que je reste bloquée devant une porte avec le point serré sans savoir si je dois frapper ou non, la deuxième fois que terminer mon geste signifie un plongeon dans l'inconnu.
Je frappe.

Parce que je la connais, parce que je l'ai vu pleurer mais aussi sourire, parce que j'ai senti le goût de ses lèvres et de ses larmes, entendu son cœur et ses rires, parce que si elle avait été comme Laura, comme Max, comme Mia, je l'aurais laissée partir ce jour-là, plutôt que de la garder auprès de moi, à souffrir dans mon ombre. Parce que c'est mon amie la plus proche, qu'elle a serré mon cœur de bien des manières, entre le désespoir, l'angoisse, la jalousie et l'égoïsme de vouloir qu'elle reste à mes côtés. Parce que Victoria la connaissait trop bien, parce que Sam en était trop proche, parce que Gloria la regardait de trop près. Plus que moi. Toutes, plus que moi.
Parce qu'"amie" est vite devenu trop faible. Parce que "meilleure amie" a fini par devenir trop faible. Parce qu'il n'y a qu'un seul mot qui résume tout ça. Ou trois.
Je t'en prie, ouvre cette porte. Je veux que ça soit toi.
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Mar 1 Fév 2022 - 1:57 Rp terminé

2 décembre
2017
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Quand est-ce que je suis tombée amoureuse ? "Tomber amoureuse", l'expression n'a pas de sens, pas pour moi. L'amour, ce n'est pas quelque chose qui m'est tombé dessus – ça c'était mes coups de foudre, mes amours éphémères qui sont tombés en poussière au moindre coup de vent. L'amour ça crée ses ramifications avec le temps, ça naît en silence, pas dans une grande explosion qui te pousse dans une nouvelle vie. Ce n'est pas une chute, c'est une escalade, de celles qu'on fait sans assurance en craignant de lâcher ou de s'accrocher au mauvais endroit, que tout s'écroule, de celles dont on a pas forcément conscience au début parce que le chemin commence simplement à monter sans qu'on s'en doute, jusqu'à ce qu'on se retrouve face aux premières aspérités. Au premier mur. Celui devant lequel je me trouve. Trop stable pour que j'aie peur de glisser, de tomber et de tout perdre. Parce que même si je ne sais pas ce qui m'attend au sommet, je sais que j'arriverai à l'atteindre, que les prises sont solides. Parce qu'elle m'aime.

La porte s'ouvre et je prends une grande inspiration. Je ferme les yeux quelques secondes puis je les rouvre pour voir sa silhouette qui se dessine dans l'encadrement. Elle a l'air surprise que je sois là. Que je ne sois pas à Londres. Juste à me retrouver face à elle, comme ça, j'en perds mes mots. Il faut que j'arrive à dire quelque chose, à répondre à sa question.

- Milly... Est-ce que...

Merde. Je ne m'attendais pas à ce que la voir, maintenant, sous cet œil, me fasse ce genre d'effet. J'ai l'impression que j'ai brisé une barrière à coup de poing et que je franchis enfin le mur vers quelque chose de plus grand. Que la Milly que je voyais à travers le prisme de "si elle est plus importante, c'est qu'elle est ma meilleure amie" a volé en éclats. J'ai une boule dans la gorge. J'aimerais savoir depuis combien de temps ça aurait pu arriver, combien de mois de souffrance j'aurais pu lui épargner, mais j'ai l'impression que c'est nouveau tout en ayant toujours été là. J'ai à la fois envie de pleurer et de la prendre dans mes bras mais je contrôle l'un comme l'autre, prenant quelques secondes pour me calmer et pouvoir parler correctement.

- Je voulais te montrer un truc. Tu peux venir avec moi deux minutes ?

Je la dérange chez elle. Maintenant que j'y pense, elle n'avait pas tort ce jour-là quand elle m'a dit que je la traitais comme si elle m'appartenait, à mon service. Non... ce n'est pas le moment de penser ce genre de chose. Pas maintenant. Si elle doit m'en vouloir, me hurler dessus que j'aurais dû réagir plus tôt, eh bien soit. J'en doute, mais je l'aurais mérité. Je ne crois même pas que je pourrais lui en vouloir, si elle brisait ma certitude de pouvoir être avec elle. Parce que je lui ai fait tellement de mal... Mais j'espère vraiment qu'elle ne le fera pas. Je compte un peu trop sur sa gentillesse, peut-être que j'abuse, mais...
Ce n'est pas le moment. Ce n'est pas non plus le moment de laisser mon regard se perdre dans le sien, ni de suivre des yeux les contours de ses lèvres en essayant de me rappeler l'effet que ça faisait de les avoir contre les miennes. J'ai tellement envie de la serrer dans mes bras, de mettre fin à tout ça, là, maintenant. Sauf que j'ai autre chose en tête, que je dois 'y tenir. Je sais ce que j'ai à faire et je le ferai, même si c'est une torture. Elle a tenu presque un an, je peux tenir quelques dizaines de minutes.

Je prends ses mains dans les miennes en effaçant un peu ce qui brille dans mon regard, essayant d'avoir l'air un peu plus neutre, bien que ça ne soit pas simple. Je me sens tellement idiote de ne pas avoir eu ce déclic avant, tellement égoïste de vouloir lui en parler maintenant.

- Tu peux... fermer les yeux ? C'est, disons, un cadeau de noël un peu en avance.

Je dis n'importe quoi. Enfin non, j'ai juste pas envie qu'elle sache tout de suite. Peut-être qu'elle va s'en douter, ou peut-être qu'elle va y penser sans trop vouloir y croire, ou peut-être qu'elle va juste croire à ce que je lui raconte. C'est l'excuse la plus débile que j'aurais pu trouver mais ça n'est pas censé marcher plus de quelques minutes, le temps que je fasse ce que j'ai en tête.
Une fois qu'elle a les yeux fermés, je commence à reculer en regardant derrière moi, gardant ses mains dans les miennes pour la guider. Le craquement des graviers et remplacé par le son mat de la terre. J'essaye de prendre des chemins pas trop risqués pour elle, qu'elle ne trébuche pas et ne se prenne pas les cheveux dans des branches, sans que j'aie besoin de lui donner trop d'indices sur où on va. Mais bon elle va finir par reconnaître quelque chose, ne serait-ce que le chemin.Si elle l'a fait suffisamment de fois, elle comprendra avant qu'on arrive dans la clairière. C'est pas grave. Je continue de marcher à reculons, jusqu'à ce que j'atteigne enfin l'endroit prévu.

Doucement, je la fais reculer pour qu'elle se retrouve assise sur la souche où on s'était installées toutes les deux. Je m'accroupis lentement pour être au niveau de son visage, la seule idée que j'ai eue pour ne pas avoir à me mettre sur la pointe des pieds. Je prends une lente inspiration avant de me rapprocher légèrement, tout près de son visage. Respire. Je t'en prie, respire. Ce n'est pas le moment d'avoir le cœur qui lâche. Je souffle une simple phrase :

- Tu peux ouvrir les yeux.

Et avant qu'elle ne le fasse, je pose une main sur sa joue pour l'attirer vers moi et poser doucement mes lèvres sur les siennes. C'est... tellement différent. Différent du premier baiser qu'on a échangé, sans le goût salé des larmes sur mes lèvres, sans l'amertume glaciale de ne pas pouvoir partager ses sentiments.
Le goût salé... Je crois que c'est moi qui pleure, cette fois. Je ne sais pas pourquoi. Si. La culpabilité qui m'arrachait le cœur et qui trouve enfin le moyen de sortir, la libération d'avoir trouvé comment me sortir de cette sensation d'être coincée dans ma vie, l'amour que j'ai enfin réussi à comprendre. Je n'ai pas envie de la lâcher. J'ai envie de rester contre elle, de l'embrasser pour le restant de mes jours, de l'embrasser vraiment, pas juste ce léger contact de nos lèvres qui est loin, si loin, de refléter la totalité des sentiments qui ont enfin trouvé leur voie vers mon cœur. J'ai envie de poser ma tête sur son épaule et de regarder le temps passer, de lui caresser les cheveux en lui faisant oublier toutes les peines de sa vie, de sentir sa peau contre la mienne, tout ce qui pourrait donner à nos cœurs une raison de battre de concert.
J'écarte quand même mes lèvres même si j'ai l'impression qu'on me retire une ressource vitale.

- Je suis désolée... Désolée d'avoir pris aussi longtemps, désolée de ne pas avoir compris avant que tu étais tellement plus importante, tellement plus proche de moi...

Je ferme les yeux pour retenir les larmes qui veulent me couper la parole, les sanglots qui veulent prendre la place. Je n'arrive pas à savoir ce que je ressens. J'ai peur d'avoir été trop longue, de lui avoir fait trop de mal. Je sais qu'elle était plus heureuse ces derniers temps, qu'on avait finit par se rapprocher sans plus parler de ça mais... est-ce que ce n'était pas juste le signe qu'elle avait vraiment fini par renoncer ?

- Tu n'es pas ma meilleure amie... Tu es... Je...

Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je veux rattraper tout ce temps perdu, t'embrasser, vivre dans tes bras, garder ta main dans la mienne en regardant le monde s'écrouler autour de nous, parce que rien n'aura de sens à part nous. Tu es merveilleuse, j'aurais dû te le dire bien plus tôt.

- Je t'aime.
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